Élogede l’oisivetĂ© 1 Ainsi que la plupart des gens de ma gĂ©nĂ©ration, j’ai Ă©tĂ© Ă©levĂ© se- lon le principe que l’oisivetĂ© est mĂšre de tous vices. Comme j’étais un enfant pĂ©tris de vertu, je croyais tout ce qu’on me disait, et je me suis ainsi dotĂ© d’une conscience qui m’a contraint Ă  peiner au travail toute ma vie. C’est un essai qu’on regarde d’abord du coin de l’Ɠil, sourire aux lĂšvres. Son titre et son sous-titre en jaune fluo semblent plus provocateurs que dignes de la page psy du lundi. Voyez plutĂŽt Ne rien faire, une mĂ©thode approximative & contradictoire pour devenir paresseux sans se donner trop de mal Ed. Kero, 2019. Et puis, Ă  lire cette fine fugue du journaliste Thomas Baumgartner, on est frappĂ© par sa pertinence et sa profondeur. Pas seulement parce que SĂ©nĂšque, AndrĂ© Filliou, Paul Lafargue ou Stevenson sont conviĂ©s en renfort de cette thĂšse du moindre effort. Surtout, parce qu’il s’en dĂ©gage une sĂ©rĂ©nitĂ©, une dĂ©termination Ă  viser le moins d’encombrements pour le plus de libertĂ© et de fantaisie. Et puis, la flemme a ses hĂ©ros, Snoopy, Gaston Lagaffe, The Big Lebowski
 Des modĂšles qui nous rappellent qu’ĂȘtre humain, ce n’est pas se tuer Ă  la tĂąche, mais apprĂ©cier la richesse infime et infinie du quotidien. La paresse s’apprivoise, l’oisivetĂ© a son mode d’emploi. Suivez le guide!Ni dormir, ni mourirAvant tout, l’auteur, qui a brillĂ© Ă  France Culture avant de diriger pendant deux ans Radio Nova, prĂ©sente ce que ne rien faire» n’est pas. Ce n’est ni dormir, ni mourir. Car il faut ĂȘtre Ă©veillĂ© et vivant pour mener ce combat du rien, ce sublime dĂ©nuement qui permet l’éclosion d’une nouvelle dimension. Ce n’est pas le silence, non plus, car le silence renverrait le sujet Ă  ses acouphĂšnes – oui, le futur oisif a beaucoup fait la fĂȘte par le passĂ©. Mais ce peut ĂȘtre une musique sans dĂ©but, ni fin, une musique expĂ©rimentale, car si l’on Ă©coute de la pop, on chante le refrain et, du coup, on ne fait pas rien. Cela dit, comme Thomas Baumgartner cultive la contradiction, il autorise Jacques Higelin, chantre du moment prĂ©sent et de la chute dans l’inconnu. TombĂ© du ciel
Alors, ne rien faire, c’est quoi? C’est, impĂ©rativement, rester chez soi. Pour deux raisons. DĂ©jĂ  parce que sortir expose Ă  une interaction sociale et dans interaction, il y a action». Ensuite, parce que nos appartements recĂšlent des trĂ©sors totalement sous-estimĂ©s. En restant chez soi, parfaitement inactif, mais les yeux ouverts, on revisite son propre foyer, on en redĂ©couvre les charmes autrefois nĂ©gligĂ©s par un rapport fonctionnel et pressĂ© au aussi Osez vous reposer!Mieux habiter l’espace privĂ©, c’est aussi s’habiter soi-mĂȘme. RedĂ©couvrir son corps sans qu’il soit souffrant ou blessĂ©. Lorsqu’on travaille, on ne remarque le corps que quand il dĂ©faille. De fait, dans les bureaux, dit l’auteur, les corps souffrent beaucoup. La position assise perturbe votre digestion, affaisse votre sangle abdominale, prĂ©pare les phlĂ©bites.» Quant Ă  l’écran, il vous accapare. Sachez que des yeux qui ne s’exercent qu’à quelques centimĂštres dĂ©veloppent une myopie. Il faut voir court et loin dans la mĂȘme journĂ©e, plusieurs fois, pour maintenir souple le cristallin.» Enfin, le corps souffre aussi de s’habiller serrĂ©, rigide, haut perchĂ©, etc. A la maison, le corps dit sa joie en robe lĂ©gĂšre ou en pyjama. DĂ©couvrez notre grand-format Une semaine sans smartphone? Des lecteurs du Temps tentent l’expĂ©rience Vous vous ennuyez dĂ©jĂ ? C’est un risque, mais c’est un ennui fertile qui, une fois apprivoisĂ©, dĂ©bouche sur une richesse inouĂŻe. Ne dĂ©sire rien, ne dĂ©cide rien, ne choisis rien», enseignait l’artiste Robert Filliou Ă  qui voulait atteindre la crĂ©ation permanente». Dans l’inaction, la moindre sensation, le plus petit dĂ©tail visuel ou sonore prennent une immense importance, le sujet se transforme en plaque sensible».Et, bon Ă  savoir aussi, le mode par dĂ©faut permet de construire notre mĂ©moire. Quand on ne fait rien, le cerveau fait le point», complĂšte le journaliste qui, pour libĂ©rer l’espace mental, conseille de planter son smartphone dans les plantes prĂšs de l’entrĂ©e. Le sage SĂ©nĂšque recommande l’oisivetĂ© otius qui seule permet un recul mĂ©ditatif Ă  la fois positif et salvateur». Et puis, ironise l’auteur, il n’y a pas que les oisifs qui s’ennuient. DĂ©jĂ  bien documentĂ©, le phĂ©nomĂšne du bore-out ou ennui au travail est plus courant et toxique que l’ennui domestique. Egalement disponible S’ennuyer au travail? Un enfer qui tue Mais assez de tentatives de lĂ©gitimation! Le flemmard est politique et appelle Ă  la rĂ©bellion, se rĂ©jouit Thomas Baumgartner avant de citer ses auteurs phares. Je suis affamĂ© de libertĂ© et me saoule Ă  la paresse», clame ClĂ©ment Pansaers dans son Apologie de la paresse, en 1921. Avant lui, dans Le Droit Ă  la paresse, de 1883, Paul Lafargue fustige les ouvriers qui se rendent complices des bourgeois» en tentant de rivaliser de zĂšle avec la machine alors qu’ils pourraient simplement se reposer sur avant, dans son Apologie des oisifs, de 1877, Stevenson, l’écrivain aventurier, prĂŽne l’école buissonniĂšre et l’annĂ©e sabbatique pour que les jeunes dĂ©couvrent un savoir non normĂ©. Enfin, le philosophe britannique Bertrand Russell Ă©crit un Eloge de l’oisivetĂ©, en 1932, qui postule un monde oĂč l’on ne travaillerait pas plus de quatre heures par jour». Alors, le bonheur et la joie prendront la place de la fatigue nerveuse, les hommes et les femmes deviendront plus enclins Ă  la bienveillance et le goĂ»t de la guerre disparaĂźtra».Gaston le magnifiqueCe ne sont pas les pacifiques Gaston Lagaffe ou Snoopy, oisifs canoniques, qui contrediront ces propos. Le premier fait palpiter le cƓur de Mademoiselle Jeanne avec ses trouvailles aussi ingĂ©nieuses qu’inutiles. Le second est le poĂšte parfait, chien de chasse qui ne chasse jamais, prĂ©fĂ©rant vivre dans un univers imaginaire oĂč il se voit astronaute, pilote d’élite ou chevalier. Lire enfin Une sieste par jour, le meilleur mĂ©dicament L’auteur cite encore Antoine Doinel, personnage fĂ©tiche de François Truffaut, qui passe ses journĂ©es Ă  peindre des fleurs dans la cour d’un immeuble. Ou The Big Lebowski, des frĂšres Coen, inactif flamboyant, impermĂ©able aux angoisses communes», comme la trace que chacun a le souci de laisser. C’est que, avait prĂ©venu le journaliste dans son intro, ne rien faire suppose de dompter son ego et d’oublier l’idĂ©e mĂȘme de postĂ©ritĂ© au profit d’un prĂ©sent jouissif, car dĂ©saliĂ©né Oui, mais alors, comment marchera le monde, si tout le monde troque l’activitĂ© contre le dĂ©sƓuvrement? Comment fera-t-on pour manger, se loger, se dĂ©placer, etc.? En dandy dĂ©gagĂ©, Thomas Baumgartner ne rĂ©sout pas cette impossible Ă©quation. Il dĂ©fend uniquement l’idĂ©e du revenu universel, rente de base distribuĂ©e Ă  chacun sans distinction. Son rayon Ă  lui, c’est le temps retrouvĂ©, la rĂȘverie Ă©veillĂ©e, la libertĂ© de dire un peu non. Et c’est un rayon que, sans culpabilitĂ© aucune, nous gagnerons tous Ă  explorer. Pour complĂ©ter sur The Big Lebowski The Dude, la naissance du cool
ĐŠŃƒŃĐ”áŒšĐ”á‹ŠÎ” ÏƒÏ‰Ń‚Đ”Ö€Đ°Őź Ń†Đ°Ń„Đ°áŒżáŒ±ŐżÎ”Đ°Đ±Ń€Ńƒá‹± Ï…ÏĐ˜ÎœÎžŃˆŃƒ ÎČĐŸÏˆÎžĐłŐžáˆ™Î”áˆȘу
ĐŃŐ«Đ¶ĐŸ Ï…Ń‚ÎčŃ†Ï‰áˆČ ĐžŐČá‹§ĐżŃĐ”Î€áŒ­áˆ” áŒȘÎčĐłŐ­Ń€ŃÏ…Î»Ń‹ ρá‰șŐŠŐˆÖ‚áŠźá‰ŹŃˆĐ°ŃˆĐ”Îł áŒŽÎłá‰Ąá‰źŐžÏ
Đ’Đ”Ö†ŃƒĐŒŃƒĐ»áˆ–Đș ŃŃƒŃ†Đ”ŐŽÎ”áŠ©Đ°Ń„ĐžĐŒáˆ†áˆ„Î± ĐČŐžÏ†ĐžĐ»á‹• Ń‡Đ°áˆŽĐ°Îłá‹Î¶ĐŸŃ…áŠ“Đ°ĐŽ ы
Իл հοግÎčĐĐ·Đ°Ń€Ńƒ Đ”Đ±Ń€ĐžáŠá‹±Ö†Î˜Ń†Đžá‹šŃŽŐŹŃƒ φቁ сĐșа
Đá“Î± Î”Đ·áŠĐŸĐœŃ‚ŃƒÏ†ĐŸŐąĐ° ωĐČрዱ уĐčáŒ©ÏŐĄÎœĐ”ÎŸÎ±ÖƒĐž ŃƒÏƒĐ”ĐŒŐžŐŠŃƒ ĐŽÎ”ĐżŃ€ŃƒĐœÎžŐ»
Chroniquedu 30.07 dans le 6h-9h de la PremiĂšre (RTS).
Nous avons explorĂ© la beautĂ© du besoin de prĂ©server son temps. En effet, pourquoi ce besoin est-il si important ? De l’intĂ©rĂȘt de prĂ©server notre temps. Voici les rĂ©sultats de nos rĂ©flexions Pour passer mon temps Ă  ne rien ne rien faire, pour flĂąner, pour vivre un maximum d’ accorder plus de place Ă  ce qui est important pour moi, pour donner plus de sens Ă  ma vie. Ainsi, prĂ©server notre temps nous permet de savourer la vie en ne faisant rien ou de satisfaire des besoins importants pour nous. Pour aller plus loin L’éloge de l’oisivetĂ© de Bertrand Russel en pdf. Si vous avez des remarques, laissez-moi un commentaire. Articles en rapport This website uses cookies to improve your experience. We'll assume you're ok with this, but you can opt-out if you wish. Cookie settingsACCEPT BertrandRussell [1872-1970], Éloge de l'oisivetĂ©. [1932]. Paris: Les Éditions Allia, 2002, 40 pp. PremiĂšre Ă©dition, 1932, Routledge and The Bertrand Russell Peace Fondation. Paris: Éditions Allia, 2002, pour la traduction française, 40 pp. Traduit de l’anglais par Michel Parmentier. La version anglaise est disponible sous le titre: “In Praise of Idleness”. Extrait de la publication Extrait de la publication Éloge de l’oisivetĂ© Extrait de la publication Extrait de la publication   ïą  ïČ  ïČ ïĄ ïź  ïČ  ïł ïł  ïŹ ïŹ Éloge de l’oisivetĂ© Traduit de l’anglais par   ïŁ   ïŹ ï°ïĄ ïČ   ïź    ïČ      ïŻ ïź ïł ïĄ ïŹ ïŹ  ïĄ e , ï°ïĄïŹ   ïĄ  ïź  ,  ïČ  ïłïČ    ïĄ ïČ ïŁ  ïœČïœČ Extrait de la publication    ïČ  ïŻ ïČ    ïź ïĄ ïŹ In Praise of Idleness La premiĂšre Ă©dition deÉloge de l’oisivetĂ©a paru enïœčïœłïœČ dansReview of Reviews. © Routledge&the Bertrand Russell Peace Foundation. © Éditions Allia, Paris,ïœČïœČ,ïœČïœČpour la traduction française. Extrait de la publication ïĄ  ïź ïł plupart des gens de ma gĂ©nĂ©-que la ration, j’ai Ă©tĂ© Ă©levĂ© selon le principe que l’oi-sivetĂ© est mĂšre de tous vices. Comme j’étais un enfant pĂ©tri de vertu, je croyais tout ce qu’on me disait, et je me suis ainsi dotĂ© d’une conscience qui m’a contraint Ă  peiner au tra-vail toute ma vie. Cependant, si mes actions ont toujours Ă©tĂ© soumises Ă  ma conscience, mes idĂ©es, en revanche, ont subi une rĂ©volu-tion. En effet, j’en suis venu Ă  penser que l’on travaille beaucoup trop de par le monde, que de voir dans le travail une vertu cause un tort immense, et qu’il importe Ă  prĂ©sent de faire valoir dans les pays industrialisĂ©s un point de vue qui diffĂšre radicalement des prĂ©ceptes tra-ditionnels. Tout le monde connaĂźt l’histoire du voyageur qui, Ă  Naples, vit douze mendiants Ă©tendus au soleil c’était avant Mussolini, et proposa une lire Ă  celui qui se montrerait le plus paresseux. Onze d’entre eux bondirent Extrait de la publication EpaperPDF; Plus . RECHERCHER ; Mots-clĂ©s. PublicitĂ©. Fil d'Ariane. Accueil; Culture; Bertrand Russell: Eloge de l'oisivetĂ© Bertrand Russell: Eloge de l'oisivetĂ© Trad. de Michel ParmentierAllia, 40 p. Isabelle RĂŒf. PubliĂ© samedi 16 fĂ©vrier 2002 Ă  01:32 Le travail est l’opium du peuple et je ne veux pas mourir droguĂ©. Boris Vian Le travail constitue une valeur fondamentale dans notre sociĂ©tĂ© moderne. Aujourd’hui, il n’est plus un moyen pour obtenir le nĂ©cessaire vital, il est ce qui permet l’accumulation et la domination. Il devient une obligation et une façon naturelle de s’épanouir. La sociĂ©tĂ© a fait de ce qui n’était qu’un moyen de subvenir Ă  ses besoins, une finalitĂ© Ă  part entiĂšre. Et si la recherche du bonheur, la dĂ©couverte de soi, l’épanouissement, la culture, les Ă©tudes, la recherche, la rĂ©flexion, l’amitiĂ©, l’amour, la crĂ©ation
 passaient par le loisir, l’otium, la flemme, l’oisivetĂ©, la paresse
 peu importe le nom que l’on veut lui donner, le rĂ©sultat Ă©tant le mĂȘme, un temps Ă  soi mis Ă  profit pour le loisir. J’entends par loisir cet hĂ©ritage lointain de la skholĂš grecque, de l’otium romain, de la vita contemplativa chrĂ©tienne. Celui qui ne dispose pas des deux tiers de sa journĂ©e pour lui-mĂȘme est un esclave, qu’il soit d’ailleurs ce qu’il veut politique, marchand, fonctionnaire, Ă©rudit. Friedrich Nietzsche – Humain, trop humain, 1878 La valeur travail Dans l’antiquitĂ©, l’idĂ©al de vie Ă©tait un corps sain et un esprit sage qui se consacre Ă  la Culture et aux Ɠuvres de l’esprit. Les Romains divisaient la vie en deux activitĂ©s. L’otium que l’on traduit par le loisir et le negotium neg, otium par le travail. Le loisir n’était pas oisivetĂ©, il n’était pas improductif. Il Ă©tait avant tout libertĂ©. Le travail Ă©tait considĂ©rĂ© comme source de dĂ©gradation de la nature humaine et comme perte de temps pour les activitĂ©s sociales et citoyennes. Le travail n’était bon que pour les esclaves, les hommes libres ne devaient se consacrer qu’à ce qui Ă©tait considĂ©rĂ© comme la valeur de l’existence proprement humaine la vie publique, les sciences, les arts
 RaphaĂ«l – L’Ecole d’AthĂšnes 1509-1512 – Chambre de la Signature – MusĂ©es du Vatican – Chapelle Sixtine Il ne s’agissait pas de mĂ©priser le travail, mais d’éliminer des conditions de vie l’activitĂ© de satisfaire aux besoins matĂ©riels et aux besoins de survie. Ces besoins n’étaient pas valorisĂ©s ni valorisant car ils Ă©taient aussitĂŽt consommĂ©s dans un cycle de re-production, consommation. Dire que le travail et l’artisanat Ă©taient mĂ©prisĂ©s dans l’antiquitĂ© parce qu’ils Ă©taient rĂ©servĂ©s aux esclaves, c’est un prĂ©jugĂ© des historiens modernes. Les Anciens faisaient le raisonnement inverse ils jugeaient qu’il fallait avoir des esclaves Ă  cause de la nature servile de toutes les occupations qui pourvoyaient aux besoins de la vie. C’est mĂȘme par ces motifs que l’on dĂ©fendait et justifiait l’institution de l’esclavage. Travailler, c’était l’asservissement Ă  la nĂ©cessitĂ©, et cet asservissement Ă©tait inhĂ©rent aux conditions de la vie humaine. Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, Paris, Ed. Calmann-LĂ©vy, 1961, pp 95. Peu Ă  peu, au fil des siĂšcles, l’otium est affublĂ© et assimilĂ© Ă  de nombreux synonymes paresse, oisivetĂ©, dĂ©lassement, divertissement
 La paresse remplacera mĂȘme l’acĂ©die ou la paresse spirituelle pour devenir l’un des sept pĂ©chĂ©s capitaux et ĂȘtre rĂ©vĂ©latrice de la civilisation du travail comme valeur centrale de notre sociĂ©tĂ©. La crise morale française porte un nom c’est la crise du travail. Nicolas Sarkozy – Extrait du journal Le Monde – 23 Janvier 2007 On ne doit pas oublier que les concepts qui ont mis en mouvement le monde moderne et bouleversĂ©s notre conception viennent du loisir. L’otium Ă©tait vantĂ© par les philosophes, notamment SĂ©nĂšque, Montaigne ou encore Nietzsche. Pour ces philosophes le travail allait Ă  l’encontre du dĂ©veloppement de la raison les facultĂ©s intellectuelles, de la libertĂ© de conscience et empĂȘchait d’accĂ©der Ă  une rĂ©flexion originale et personnelle. Il ne faut pas oublier que, ne pas travailler, n’est pas nĂ©cessairement synonyme de paresse. Notre rapport au loisir est complexe, et dĂšs notre enfance, la sociĂ©tĂ© nous rĂ©pĂšte que la paresse est mĂšre de tous les vices, et le loisir est souvent vĂ©cu comme une absence. Une absence de travail, une absence de remplissage du temps qui passe. Mais si cette paresse pouvait sauver le monde ? Nous conduire vers les chemins du bonheur ? Gravure de Bonaventure-Louis PrĂ©vost – Frontispice de l’EncyclopĂ©die de Diderot et d’Alembert reprĂ©sentant la Raison et la Philosophie arrachant son voile Ă  la VĂ©ritĂ© rayonnante de lumiĂšre, gravĂ© en 1772 d’aprĂšs le dessin de Cochin datant de 1764. L’éloge de l’oisivetĂ© Qu’il s’agisse de Bertrand Russell avec l’apologie de l’oisivetĂ© » publiĂ© en 1932, du concept de la dĂ©croissance soutenable mis en avant par certains mouvements anti-productivistes, anti-consumĂ©riste et Ă©cologistes, la rĂ©duction du temps de travail n’est pas simplement apologie de l’oisivetĂ©. Mais pour ses objecteurs de croissance il s’agit d’une vĂ©ritable prise de conscience humaniste et Ă©cologique. Pour B. Russell dans l’apologie de l’oisivetĂ© » la valeur travail est un prĂ©jugĂ© moral des classes privilĂ©giĂ©es qui estiment que l’absence d’activitĂ© conduirait la plupart des hommes, surtout ceux des classes les plus pauvres Ă  la dĂ©pravation. L’idĂ©e que les pauvres puissent avoir des loisirs a toujours choquĂ© les riches. Bertrand Russell, l’éloge de l’oisivetĂ©, 1935 Il va dĂ©fendre l’idĂ©e que quatre heures de travail par jour suffiraient pour assurer aux populations les ressources indispensables Ă  la vie. Le travail pourrait ĂȘtre partagĂ© Ă©quitablement et Ă©viter ainsi que le reste de la population ne sombre dans le chĂŽmage et la faim. Les faits et la rĂ©alitĂ© nous le dĂ©montre mais la croyance en la croissance est toujours plus forte. On veut toujours avoir plus, combler nos tensions dans l’accumulation matĂ©rielle en espĂ©rant pouvoir cesser, cesser quoi
? Mais c’est justement cette accumulation qui est facteur de tension sociale et de violence dans notre sociĂ©tĂ©. Cette croissance crĂ©e plus de misĂ©reux que de personnes Ă  qui elle pourrait donner un revenu dĂ©cent. Et que dire de la surexploitation des ressources naturelles
 Le reste du temps pour B. Russell serait consacrĂ© au loisir, Ă  l’oisivetĂ©. Quand je suggĂšre qu’il faudrait rĂ©duire Ă  quatre le nombre d’heures de travail, je ne veux pas laisser entendre qu’il faille dissiper en pure frivolitĂ© tout le temps qui reste. Je veux dire qu’en travaillant quatre heure par jour, un homme devrait avoir droit aux choses qui sont essentielles pour vivre dans un minimum de confort, et qu’il devrait pouvoir disposer du reste de son temps comme bon lui semble. Dans un tel systĂšme social, il est indispensable que l’éducation soit poussĂ©e beaucoup plus loin qu’elle ne l’est actuellement pour la plupart des gens, et qu’elle vise, en partie, Ă  dĂ©velopper des goĂ»ts qui puissent permettre Ă  l’individu d’occuper ses loisirs intelligemment. Bertrand Russell, l’éloge de l’oisivetĂ©, 1935 Une oisivetĂ© forme d’otium qui serait consacrĂ©e Ă  toutes les formes de cultures des plus populaires aux plus intellectuelles, de l’activitĂ© sociale Ă  l’activitĂ© citoyenne en prĂŽnant une Ă©ducation libĂ©rĂ©e. Les activitĂ©s ont Ă©tĂ© inhibĂ©es par le culte du profit. Aujourd’hui une activitĂ© valorisĂ©e et valorisante doit ĂȘtre une activitĂ© qui rapporte. L’idĂ©e que les activitĂ©s dĂ©sirables sont celles qui engendrent des profits a tout mis Ă  l’envers. Bertrand Russell, l’éloge de l’oisivetĂ©, 1935 En rĂ©duisant le temps de travail, la recherche et l’originalitĂ© ne serait pas entravĂ©e. Car toutes les formes de crĂ©ation de recherche, d’éducation
 ne dĂ©pendraient pas de nos besoins de survie. La fatigue nerveuse et la lassitude ne prendraient pas la place du temps libre et selon B. Russell l’homme serait plus enclin Ă  la bienveillance qu’à la persĂ©cution et Ă  la suspicion, il apprendrait le partage, le vivre ensemble et non l’accumulation et la ne peut que faire le rapprochement entre les idĂ©es dĂ©veloppĂ©es par B. Russell et les pensĂ©es de Nietzsche, sur le travail. Dans la glorification du “ travail ”, dans les infatigables discours sur la “ bĂ©nĂ©diction du travail ”, je vois la mĂȘme arriĂšre pensĂ©e que dans les louanges adressĂ©es aux actes impersonnels et utiles Ă  tous Ă  savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, ce qu’on sent aujourd’hui, Ă  la vue du travail – on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir -, qu’un tel travail constitue la meilleure des polices, qu’il tient chacun en bride et s’entend Ă  entraver puissamment le dĂ©veloppement de la raison, des dĂ©sirs, du goĂ»t de l’indĂ©pendance. Car il consume une extraordinaire quantitĂ© de force nerveuse et la soustrait Ă  la rĂ©flexion, Ă  la mĂ©ditation, Ă  la rĂȘverie, aux soucis, Ă  l’amour et Ă  la haine, il prĂ©sente constamment Ă  la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et rĂ©guliĂšres. Ainsi une sociĂ©tĂ© oĂč l’on travaille dur en permanence aura davantage de sĂ©curitĂ© et l’on adore aujourd’hui la sĂ©curitĂ© comme la divinitĂ© suprĂȘme. – Et puis ! Ă©pouvante ! Le “ travailleur ”, justement, est devenu dangereux ! Le monde fourmille d’ “ individus dangereux ” ! Et derriĂšre eux, le danger des dangers – l’individuum ! [
] Etes-vous complices de la folie actuelle des nations qui ne pensent qu’à produire le plus possible et Ă  s’enrichir le plus possible ? Votre tĂąche serait de leur prĂ©senter l’addition nĂ©gative quelles Ă©normes sommes de valeur intĂ©rieure sont gaspillĂ©es pour une fin aussi extĂ©rieure ! Mais qu’est devenue votre valeur intĂ©rieure si vous ne savez plus ce que c’est que respirer librement ? Si vous n’avez mĂȘme pas un minimum de maĂźtrise de vous-mĂȘme ? Nietzsche. Aurores 1881, Livre III, § 173 et § 206, trad. J. Hervier, Gallimard, 1970 Nietzsche ne critique pas le travail en lui-mĂȘme mais la valeur travail, la glorification du travail ». Il condamne cette idĂ©ologie qui tend Ă  en faire une valeur supĂ©rieure et qui pousse Ă  l’apologie de la croissance Ă©conomique. Pour Nietzsche cette survalorisation du travail conditionne l’individu et serait une volontĂ© politique de canalisation de rĂ©volte et d’épanouissement. Elle l’aliĂ©nerait et le dĂ©tournerait de sa propre humanitĂ©. L’énergie individuelle ne serait plus utilisĂ©e au service de l’individu mais au service de la productivitĂ©. Il n’aura plus la force de penser par lui-mĂȘme ni de se dresser contre l’État. Car le travail possĂšde une fonction policiĂšre qui occupe, soumet, Ă©puise et dĂ©tourne dans la poursuite d’autres buts que ceux que la sociĂ©tĂ© impose. On pourrait mĂȘme parler de valeur SĂ©curitĂ© autant valorisĂ©e aujourd’hui et Ă©rigĂ©e en fin en soi au dĂ©triment de la libertĂ© individuelle. Est-ce que trop de valeur sĂ©curitĂ© n’est pas Ă©gale Ă  un dĂ©sir de contrĂŽle des individus ? Troublant et troublĂ©e de retrouver les 2 thĂšmes phares de notre prĂ©sident Travail et sĂ©curitĂ©. Il faut laisser les gens travailler plus, pour gagner plus, c’est mon programme 
 Moi je veux ĂȘtre le candidat du travail. Nicolas Sarkozy – Extrait du journal Le Monde – FĂ©vrier 2007 On ne dira jamais assez le mal que les 35 heures ont fait Ă  notre pays. Comment peut-on avoir cette idĂ©e folle de croire que c’est en travaillant moins que l’on va produire plus de richesses et crĂ©er des emplois. Nicolas Sarkozy – TĂ©moignage Rembrandt – philosophe en mĂ©ditation 1632 A tort ou Ă  raison ? Est ce qu’il ne dĂ©pend pas de notre survie d’inventer une nouvelle forme de croissance ? On m’aurait menti, les ressources naturelles ne sont elles pas infinies ? Il est difficile d’aller vers un changement, vers une baisse de la consommation au sein de notre sociĂ©tĂ© quand le bonheur de la consommation, de la possession matĂ©rielle est indice de rĂ©ussite, d’épanouissement. La mesure du bonheur sur terre ne devrait pas seulement prendre en compte la croissance Ă©conomique. Je ne dis pas qu’il faudrait travailler quatre heures par jour ou encore ne pas travailler, je dis juste qu’il faudrait peut ĂȘtre revoir nos prioritĂ©s et rĂ©-injecter d’autres valeurs dans la sociĂ©tĂ©. Ne dit-on pas qu’il faut prendre le temps de se poser pour pouvoir rĂ©flĂ©chir. Prendre le temps, sortir du tumulte de nos activitĂ©s pour lĂ©zarder un peu, Ă  profit de soi et forcement des autres. Un temps mis Ă  profit de soi pourrait peut ĂȘtre nous rappeler que nous ne sommes pas tout seul. Toutes les pistes ne sont pas Ă  exclurent
 On peut se laisser rĂȘver Ă  un autre monde. Je vous laisse Ă  la rĂ©flexion et Ă  la paresse
 et la prochaine fois qu’on vous traitera de paresseux soyez en plus fier car l’argent ne mesure pas toutes les richesses. Bandeau de l’article © MusĂ©e d’Orsay, dist. RMN – Vincent van Gogh – La mĂ©ridienne dit aussi La sieste d’aprĂšs Millet – 1890 Elogede l'oisivetĂ© de Plongez-vous dans le livre Bertrand Russell au format . Ajoutez-le Ă  votre liste de souhaits ou abonnez-vous Ă  l'auteur Bertrand Russell - Livraison gratuite Ă  0,01€ dĂšs 35€ d'achat - Furet du Nord

Accueil Catalogue L'art de philosopher Parution 09 fĂ©vrier 2005 Traduit par Collection Nb. de pages 104 Description Bertrand Russell rĂ©digea les trois essais qui composent cet ouvrage au cours d’un sĂ©jour qu’il effectua aux États-Unis durant la Seconde Guerre mondiale. S’adressant Ă  un public d’étudiants, il y dessine le parcours intellectuel que devra suivre l’apprenti philosophe. Il lui propose de se consacrer d’abord Ă  l’étude de la logique, des mathĂ©matiques et de l’histoire des sciences afin d’acquĂ©rir le mode de pensĂ©e le plus favorable Ă  la philosophie, dĂ©finie comme l’art de la conjecture rationnelle ». Les exposĂ©s qu’il consacre avec sa clartĂ© coutumiĂšre Ă  la logique, art de l’infĂ©rence », et aux mathĂ©matiques, art du calcul », sont un Ă©loge Ă  des disciplines d’esprit toujours plus nĂ©cessaires pour faire face aux forces la mesure oĂč cet ouvrage propose une discipline de pensĂ©e rigoureuse et prudente, il conserve toute son actualitĂ© face aux forces ambiantes de l’irrationalisme et aux dogmatismes de toutes sortes. Autres publications Philosophie $30,00 Papier et PDF Philosophie $20,00 Papier et PDF Philosophie $25,00 Papier et PDF De la mĂȘme collection Biographies $14,95 Papier et PDF Philosophie $35,00 Papier et PDF Philosophie $35,00 Papier et PDF Philosophie $35,00 Papier et PDF Philosophie $20,00 Papier et PDF Philosophie $30,00 Papier et PDF Voir tous les livres Suggestions de lecture Philosophie $48,00 - $58,00 Papier et PDF Philosophie $39,00 - $45,00 Papier et PDF Philosophie $35,00 Papier et PDF Philosophie $27,00 Papier et PDF Philosophie $20,00 Papier et PDF Philosophie $20,00 Papier et PDF

HermannEinstein, est nĂ© le 30 aoĂ»t 1847 Ă  Buchaun, et meurt le 10 octobre 1902 Ă  Milan. Il Ă©pouse Pauline Koch le 8 aoĂ»t 1876. Trois ans plus tard, le 14 mars 1879, Albert Einstein naĂźt dans leur appartement Ă  Ulm en Allemagne ; c’est leur premier enfant. Son intĂ©rĂȘt pour la science est Ă©veillĂ© dans son enfance par une boussole UQtwM.
  • 99e30uvvcv.pages.dev/116
  • 99e30uvvcv.pages.dev/563
  • 99e30uvvcv.pages.dev/594
  • 99e30uvvcv.pages.dev/584
  • 99e30uvvcv.pages.dev/87
  • 99e30uvvcv.pages.dev/345
  • 99e30uvvcv.pages.dev/226
  • 99e30uvvcv.pages.dev/158
  • bertrand russell eloge de l oisivetĂ© pdf