Ălogede lâoisivetĂ© 1 Ainsi que la plupart des gens de ma gĂ©nĂ©ration, jâai Ă©tĂ© Ă©levĂ© se- lon le principe que lâoisivetĂ© est mĂšre de tous vices. Comme jâĂ©tais un enfant pĂ©tris de vertu, je croyais tout ce quâon me disait, et je me suis ainsi dotĂ© dâune conscience qui mâa contraint Ă peiner au travail toute ma vie.
Câest un essai quâon regarde dâabord du coin de lâĆil, sourire aux lĂšvres. Son titre et son sous-titre en jaune fluo semblent plus provocateurs que dignes de la page psy du lundi. Voyez plutĂŽt Ne rien faire, une mĂ©thode approximative & contradictoire pour devenir paresseux sans se donner trop de mal Ed. Kero, 2019. Et puis, Ă lire cette fine fugue du journaliste Thomas Baumgartner, on est frappĂ© par sa pertinence et sa profondeur. Pas seulement parce que SĂ©nĂšque, AndrĂ© Filliou, Paul Lafargue ou Stevenson sont conviĂ©s en renfort de cette thĂšse du moindre effort. Surtout, parce quâil sâen dĂ©gage une sĂ©rĂ©nitĂ©, une dĂ©termination Ă viser le moins dâencombrements pour le plus de libertĂ© et de fantaisie. Et puis, la flemme a ses hĂ©ros, Snoopy, Gaston Lagaffe, The Big Lebowski⊠Des modĂšles qui nous rappellent quâĂȘtre humain, ce nâest pas se tuer Ă la tĂąche, mais apprĂ©cier la richesse infime et infinie du quotidien. La paresse sâapprivoise, lâoisivetĂ© a son mode dâemploi. Suivez le guide!Ni dormir, ni mourirAvant tout, lâauteur, qui a brillĂ© Ă France Culture avant de diriger pendant deux ans Radio Nova, prĂ©sente ce que ne rien faire» nâest pas. Ce nâest ni dormir, ni mourir. Car il faut ĂȘtre Ă©veillĂ© et vivant pour mener ce combat du rien, ce sublime dĂ©nuement qui permet lâĂ©closion dâune nouvelle dimension. Ce nâest pas le silence, non plus, car le silence renverrait le sujet Ă ses acouphĂšnes â oui, le futur oisif a beaucoup fait la fĂȘte par le passĂ©. Mais ce peut ĂȘtre une musique sans dĂ©but, ni fin, une musique expĂ©rimentale, car si lâon Ă©coute de la pop, on chante le refrain et, du coup, on ne fait pas rien. Cela dit, comme Thomas Baumgartner cultive la contradiction, il autorise Jacques Higelin, chantre du moment prĂ©sent et de la chute dans lâinconnu. TombĂ© du cielâŠAlors, ne rien faire, câest quoi? Câest, impĂ©rativement, rester chez soi. Pour deux raisons. DĂ©jĂ parce que sortir expose Ă une interaction sociale et dans interaction, il y a action». Ensuite, parce que nos appartements recĂšlent des trĂ©sors totalement sous-estimĂ©s. En restant chez soi, parfaitement inactif, mais les yeux ouverts, on revisite son propre foyer, on en redĂ©couvre les charmes autrefois nĂ©gligĂ©s par un rapport fonctionnel et pressĂ© au aussi Osez vous reposer!Mieux habiter lâespace privĂ©, câest aussi sâhabiter soi-mĂȘme. RedĂ©couvrir son corps sans quâil soit souffrant ou blessĂ©. Lorsquâon travaille, on ne remarque le corps que quand il dĂ©faille. De fait, dans les bureaux, dit lâauteur, les corps souffrent beaucoup. La position assise perturbe votre digestion, affaisse votre sangle abdominale, prĂ©pare les phlĂ©bites.» Quant Ă lâĂ©cran, il vous accapare. Sachez que des yeux qui ne sâexercent quâĂ quelques centimĂštres dĂ©veloppent une myopie. Il faut voir court et loin dans la mĂȘme journĂ©e, plusieurs fois, pour maintenir souple le cristallin.» Enfin, le corps souffre aussi de sâhabiller serrĂ©, rigide, haut perchĂ©, etc. A la maison, le corps dit sa joie en robe lĂ©gĂšre ou en pyjama. DĂ©couvrez notre grand-format Une semaine sans smartphone? Des lecteurs du Temps tentent lâexpĂ©rience Vous vous ennuyez dĂ©jĂ ? Câest un risque, mais câest un ennui fertile qui, une fois apprivoisĂ©, dĂ©bouche sur une richesse inouĂŻe. Ne dĂ©sire rien, ne dĂ©cide rien, ne choisis rien», enseignait lâartiste Robert Filliou Ă qui voulait atteindre la crĂ©ation permanente». Dans lâinaction, la moindre sensation, le plus petit dĂ©tail visuel ou sonore prennent une immense importance, le sujet se transforme en plaque sensible».Et, bon Ă savoir aussi, le mode par dĂ©faut permet de construire notre mĂ©moire. Quand on ne fait rien, le cerveau fait le point», complĂšte le journaliste qui, pour libĂ©rer lâespace mental, conseille de planter son smartphone dans les plantes prĂšs de lâentrĂ©e. Le sage SĂ©nĂšque recommande lâoisivetĂ© otius qui seule permet un recul mĂ©ditatif Ă la fois positif et salvateur». Et puis, ironise lâauteur, il nây a pas que les oisifs qui sâennuient. DĂ©jĂ bien documentĂ©, le phĂ©nomĂšne du bore-out ou ennui au travail est plus courant et toxique que lâennui domestique. Egalement disponible Sâennuyer au travail? Un enfer qui tue Mais assez de tentatives de lĂ©gitimation! Le flemmard est politique et appelle Ă la rĂ©bellion, se rĂ©jouit Thomas Baumgartner avant de citer ses auteurs phares. Je suis affamĂ© de libertĂ© et me saoule Ă la paresse», clame ClĂ©ment Pansaers dans son Apologie de la paresse, en 1921. Avant lui, dans Le Droit Ă la paresse, de 1883, Paul Lafargue fustige les ouvriers qui se rendent complices des bourgeois» en tentant de rivaliser de zĂšle avec la machine alors quâils pourraient simplement se reposer sur avant, dans son Apologie des oisifs, de 1877, Stevenson, lâĂ©crivain aventurier, prĂŽne lâĂ©cole buissonniĂšre et lâannĂ©e sabbatique pour que les jeunes dĂ©couvrent un savoir non normĂ©. Enfin, le philosophe britannique Bertrand Russell Ă©crit un Eloge de lâoisivetĂ©, en 1932, qui postule un monde oĂč lâon ne travaillerait pas plus de quatre heures par jour». Alors, le bonheur et la joie prendront la place de la fatigue nerveuse, les hommes et les femmes deviendront plus enclins Ă la bienveillance et le goĂ»t de la guerre disparaĂźtra».Gaston le magnifiqueCe ne sont pas les pacifiques Gaston Lagaffe ou Snoopy, oisifs canoniques, qui contrediront ces propos. Le premier fait palpiter le cĆur de Mademoiselle Jeanne avec ses trouvailles aussi ingĂ©nieuses quâinutiles. Le second est le poĂšte parfait, chien de chasse qui ne chasse jamais, prĂ©fĂ©rant vivre dans un univers imaginaire oĂč il se voit astronaute, pilote dâĂ©lite ou chevalier. Lire enfin Une sieste par jour, le meilleur mĂ©dicament Lâauteur cite encore Antoine Doinel, personnage fĂ©tiche de François Truffaut, qui passe ses journĂ©es Ă peindre des fleurs dans la cour dâun immeuble. Ou The Big Lebowski, des frĂšres Coen, inactif flamboyant, impermĂ©able aux angoisses communes», comme la trace que chacun a le souci de laisser. Câest que, avait prĂ©venu le journaliste dans son intro, ne rien faire suppose de dompter son ego et dâoublier lâidĂ©e mĂȘme de postĂ©ritĂ© au profit dâun prĂ©sent jouissif, car dĂ©saliĂ©nĂ©âŠOui, mais alors, comment marchera le monde, si tout le monde troque lâactivitĂ© contre le dĂ©sĆuvrement? Comment fera-t-on pour manger, se loger, se dĂ©placer, etc.? En dandy dĂ©gagĂ©, Thomas Baumgartner ne rĂ©sout pas cette impossible Ă©quation. Il dĂ©fend uniquement lâidĂ©e du revenu universel, rente de base distribuĂ©e Ă chacun sans distinction. Son rayon Ă lui, câest le temps retrouvĂ©, la rĂȘverie Ă©veillĂ©e, la libertĂ© de dire un peu non. Et câest un rayon que, sans culpabilitĂ© aucune, nous gagnerons tous Ă explorer. Pour complĂ©ter sur The Big Lebowski The Dude, la naissance du cool
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Chroniquedu 30.07 dans le 6h-9h de la PremiĂšre (RTS).
Nous avons explorĂ© la beautĂ© du besoin de prĂ©server son temps. En effet, pourquoi ce besoin est-il si important ? De lâintĂ©rĂȘt de prĂ©server notre temps. Voici les rĂ©sultats de nos rĂ©flexions Pour passer mon temps Ă ne rien ne rien faire, pour flĂąner, pour vivre un maximum dâ accorder plus de place Ă ce qui est important pour moi, pour donner plus de sens Ă ma vie. Ainsi, prĂ©server notre temps nous permet de savourer la vie en ne faisant rien ou de satisfaire des besoins importants pour nous. Pour aller plus loin LâĂ©loge de lâoisivetĂ© de Bertrand Russel en pdf. Si vous avez des remarques, laissez-moi un commentaire. Articles en rapport This website uses cookies to improve your experience. We'll assume you're ok with this, but you can opt-out if you wish. Cookie settingsACCEPT
BertrandRussell [1872-1970], Ăloge de l'oisivetĂ©. [1932]. Paris: Les Ăditions Allia, 2002, 40 pp. PremiĂšre Ă©dition, 1932, Routledge and The Bertrand Russell Peace Fondation. Paris: Ăditions Allia, 2002, pour la traduction française, 40 pp. Traduit de lâanglais par Michel Parmentier. La version anglaise est disponible sous le titre: âIn Praise of Idlenessâ.
Extrait de la publication Extrait de la publication Ăloge de lâoisivetĂ© Extrait de la publication Extrait de la publication ï± ï¶ ïą ï„ ïČ ïŽ ïČ ïĄ ïź ï€ ïČ ï” ïł ïł ï„ ïŹ ïŹ Ăloge de lâoisivetĂ© Traduit de lâanglais par ï ï© ïŁ ïš ï„ ïŹ ï°ïĄ ïČ ï ï„ ïź ïŽ ï© ï„ ïČ ï© ï€ ï© ïŽ ï© ïŻ ïź ïł ïĄ ïŹ ïŹ ï© ïĄ e , ï°ïĄïŹ ï„ ï ïĄ ï§ ïź ï„ , ï© ïČ ï© ïłïČ ï” ï„ ïš ïĄ ïČ ïŁ ï¶ ïČï°ï±ïČ Extrait de la publication ïŽ ï© ïŽ ïČ ï„ ïŻ ïČ ï© ï§ ï© ïź ïĄ ïŹ In Praise of Idleness La premiĂšre Ă©dition deĂloge de lâoisivetĂ©a paru enï±ïčïłïČ dansReview of Reviews. © Routledge&the Bertrand Russell Peace Foundation. © Ăditions Allia, Paris,ïČï°ï°ïČ,ïČï°ï±ïČpour la traduction française. Extrait de la publication ïĄ ï© ïź ïł ï©plupart des gens de ma gĂ©nĂ©-que la ration, jâai Ă©tĂ© Ă©levĂ© selon le principe que lâoi-sivetĂ© est mĂšre de tous vices. Comme jâĂ©tais un enfant pĂ©tri de vertu, je croyais tout ce quâon me disait, et je me suis ainsi dotĂ© dâune conscience qui mâa contraint Ă peiner au tra-vail toute ma vie. Cependant, si mes actions ont toujours Ă©tĂ© soumises Ă ma conscience, mes idĂ©es, en revanche, ont subi une rĂ©volu-tion. En effet, jâen suis venu Ă penser que lâon travaille beaucoup trop de par le monde, que de voir dans le travail une vertu cause un tort immense, et quâil importe Ă prĂ©sent de faire valoir dans les pays industrialisĂ©s un point de vue qui diffĂšre radicalement des prĂ©ceptes tra-ditionnels. Tout le monde connaĂźt lâhistoire du voyageur qui, Ă Naples, vit douze mendiants Ă©tendus au soleil câĂ©tait avant Mussolini, et proposa une lire Ă celui qui se montrerait le plus paresseux. Onze dâentre eux bondirent Extrait de la publication
EpaperPDF; Plus . RECHERCHER ; Mots-clĂ©s. PublicitĂ©. Fil d'Ariane. Accueil; Culture; Bertrand Russell: Eloge de l'oisivetĂ© Bertrand Russell: Eloge de l'oisivetĂ© Trad. de Michel ParmentierAllia, 40 p. Isabelle RĂŒf. PubliĂ© samedi 16 fĂ©vrier 2002 Ă 01:32
Le travail est lâopium du peuple et je ne veux pas mourir droguĂ©. Boris Vian Le travail constitue une valeur fondamentale dans notre sociĂ©tĂ© moderne. Aujourdâhui, il nâest plus un moyen pour obtenir le nĂ©cessaire vital, il est ce qui permet lâaccumulation et la domination. Il devient une obligation et une façon naturelle de sâĂ©panouir. La sociĂ©tĂ© a fait de ce qui nâĂ©tait quâun moyen de subvenir Ă ses besoins, une finalitĂ© Ă part entiĂšre. Et si la recherche du bonheur, la dĂ©couverte de soi, lâĂ©panouissement, la culture, les Ă©tudes, la recherche, la rĂ©flexion, lâamitiĂ©, lâamour, la crĂ©ation⊠passaient par le loisir, lâotium, la flemme, lâoisivetĂ©, la paresse⊠peu importe le nom que lâon veut lui donner, le rĂ©sultat Ă©tant le mĂȘme, un temps Ă soi mis Ă profit pour le loisir. Jâentends par loisir cet hĂ©ritage lointain de la skholĂš grecque, de lâotium romain, de la vita contemplativa chrĂ©tienne. Celui qui ne dispose pas des deux tiers de sa journĂ©e pour lui-mĂȘme est un esclave, quâil soit dâailleurs ce quâil veut politique, marchand, fonctionnaire, Ă©rudit. Friedrich Nietzsche â Humain, trop humain, 1878 La valeur travail Dans lâantiquitĂ©, lâidĂ©al de vie Ă©tait un corps sain et un esprit sage qui se consacre Ă la Culture et aux Ćuvres de lâesprit. Les Romains divisaient la vie en deux activitĂ©s. Lâotium que lâon traduit par le loisir et le negotium neg, otium par le travail. Le loisir nâĂ©tait pas oisivetĂ©, il nâĂ©tait pas improductif. Il Ă©tait avant tout libertĂ©. Le travail Ă©tait considĂ©rĂ© comme source de dĂ©gradation de la nature humaine et comme perte de temps pour les activitĂ©s sociales et citoyennes. Le travail nâĂ©tait bon que pour les esclaves, les hommes libres ne devaient se consacrer quâĂ ce qui Ă©tait considĂ©rĂ© comme la valeur de lâexistence proprement humaine la vie publique, les sciences, les arts⊠RaphaĂ«l â LâEcole dâAthĂšnes 1509-1512 â Chambre de la Signature â MusĂ©es du Vatican â Chapelle Sixtine Il ne sâagissait pas de mĂ©priser le travail, mais dâĂ©liminer des conditions de vie lâactivitĂ© de satisfaire aux besoins matĂ©riels et aux besoins de survie. Ces besoins nâĂ©taient pas valorisĂ©s ni valorisant car ils Ă©taient aussitĂŽt consommĂ©s dans un cycle de re-production, consommation. Dire que le travail et lâartisanat Ă©taient mĂ©prisĂ©s dans lâantiquitĂ© parce quâils Ă©taient rĂ©servĂ©s aux esclaves, câest un prĂ©jugĂ© des historiens modernes. Les Anciens faisaient le raisonnement inverse ils jugeaient quâil fallait avoir des esclaves Ă cause de la nature servile de toutes les occupations qui pourvoyaient aux besoins de la vie. Câest mĂȘme par ces motifs que lâon dĂ©fendait et justifiait lâinstitution de lâesclavage. Travailler, câĂ©tait lâasservissement Ă la nĂ©cessitĂ©, et cet asservissement Ă©tait inhĂ©rent aux conditions de la vie humaine. Hannah Arendt, Condition de lâhomme moderne, Paris, Ed. Calmann-LĂ©vy, 1961, pp 95. Peu Ă peu, au fil des siĂšcles, lâotium est affublĂ© et assimilĂ© Ă de nombreux synonymes paresse, oisivetĂ©, dĂ©lassement, divertissement⊠La paresse remplacera mĂȘme lâacĂ©die ou la paresse spirituelle pour devenir lâun des sept pĂ©chĂ©s capitaux et ĂȘtre rĂ©vĂ©latrice de la civilisation du travail comme valeur centrale de notre sociĂ©tĂ©. La crise morale française porte un nom câest la crise du travail. Nicolas Sarkozy â Extrait du journal Le Monde â 23 Janvier 2007 On ne doit pas oublier que les concepts qui ont mis en mouvement le monde moderne et bouleversĂ©s notre conception viennent du loisir. Lâotium Ă©tait vantĂ© par les philosophes, notamment SĂ©nĂšque, Montaigne ou encore Nietzsche. Pour ces philosophes le travail allait Ă lâencontre du dĂ©veloppement de la raison les facultĂ©s intellectuelles, de la libertĂ© de conscience et empĂȘchait dâaccĂ©der Ă une rĂ©flexion originale et personnelle. Il ne faut pas oublier que, ne pas travailler, nâest pas nĂ©cessairement synonyme de paresse. Notre rapport au loisir est complexe, et dĂšs notre enfance, la sociĂ©tĂ© nous rĂ©pĂšte que la paresse est mĂšre de tous les vices, et le loisir est souvent vĂ©cu comme une absence. Une absence de travail, une absence de remplissage du temps qui passe. Mais si cette paresse pouvait sauver le monde ? Nous conduire vers les chemins du bonheur ? Gravure de Bonaventure-Louis PrĂ©vost â Frontispice de lâEncyclopĂ©die de Diderot et dâAlembert reprĂ©sentant la Raison et la Philosophie arrachant son voile Ă la VĂ©ritĂ© rayonnante de lumiĂšre, gravĂ© en 1772 dâaprĂšs le dessin de Cochin datant de 1764. LâĂ©loge de lâoisivetĂ© Quâil sâagisse de Bertrand Russell avec lâapologie de lâoisivetĂ© » publiĂ© en 1932, du concept de la dĂ©croissance soutenable mis en avant par certains mouvements anti-productivistes, anti-consumĂ©riste et Ă©cologistes, la rĂ©duction du temps de travail nâest pas simplement apologie de lâoisivetĂ©. Mais pour ses objecteurs de croissance il sâagit dâune vĂ©ritable prise de conscience humaniste et Ă©cologique. Pour B. Russell dans lâapologie de lâoisivetĂ© » la valeur travail est un prĂ©jugĂ© moral des classes privilĂ©giĂ©es qui estiment que lâabsence dâactivitĂ© conduirait la plupart des hommes, surtout ceux des classes les plus pauvres Ă la dĂ©pravation. LâidĂ©e que les pauvres puissent avoir des loisirs a toujours choquĂ© les riches. Bertrand Russell, lâĂ©loge de lâoisivetĂ©, 1935 Il va dĂ©fendre lâidĂ©e que quatre heures de travail par jour suffiraient pour assurer aux populations les ressources indispensables Ă la vie. Le travail pourrait ĂȘtre partagĂ© Ă©quitablement et Ă©viter ainsi que le reste de la population ne sombre dans le chĂŽmage et la faim. Les faits et la rĂ©alitĂ© nous le dĂ©montre mais la croyance en la croissance est toujours plus forte. On veut toujours avoir plus, combler nos tensions dans lâaccumulation matĂ©rielle en espĂ©rant pouvoir cesser, cesser quoiâŠ? Mais câest justement cette accumulation qui est facteur de tension sociale et de violence dans notre sociĂ©tĂ©. Cette croissance crĂ©e plus de misĂ©reux que de personnes Ă qui elle pourrait donner un revenu dĂ©cent. Et que dire de la surexploitation des ressources naturelles⊠Le reste du temps pour B. Russell serait consacrĂ© au loisir, Ă lâoisivetĂ©. Quand je suggĂšre quâil faudrait rĂ©duire Ă quatre le nombre dâheures de travail, je ne veux pas laisser entendre quâil faille dissiper en pure frivolitĂ© tout le temps qui reste. Je veux dire quâen travaillant quatre heure par jour, un homme devrait avoir droit aux choses qui sont essentielles pour vivre dans un minimum de confort, et quâil devrait pouvoir disposer du reste de son temps comme bon lui semble. Dans un tel systĂšme social, il est indispensable que lâĂ©ducation soit poussĂ©e beaucoup plus loin quâelle ne lâest actuellement pour la plupart des gens, et quâelle vise, en partie, Ă dĂ©velopper des goĂ»ts qui puissent permettre Ă lâindividu dâoccuper ses loisirs intelligemment. Bertrand Russell, lâĂ©loge de lâoisivetĂ©, 1935 Une oisivetĂ© forme dâotium qui serait consacrĂ©e Ă toutes les formes de cultures des plus populaires aux plus intellectuelles, de lâactivitĂ© sociale Ă lâactivitĂ© citoyenne en prĂŽnant une Ă©ducation libĂ©rĂ©e. Les activitĂ©s ont Ă©tĂ© inhibĂ©es par le culte du profit. Aujourdâhui une activitĂ© valorisĂ©e et valorisante doit ĂȘtre une activitĂ© qui rapporte. LâidĂ©e que les activitĂ©s dĂ©sirables sont celles qui engendrent des profits a tout mis Ă lâenvers. Bertrand Russell, lâĂ©loge de lâoisivetĂ©, 1935 En rĂ©duisant le temps de travail, la recherche et lâoriginalitĂ© ne serait pas entravĂ©e. Car toutes les formes de crĂ©ation de recherche, dâĂ©ducation⊠ne dĂ©pendraient pas de nos besoins de survie. La fatigue nerveuse et la lassitude ne prendraient pas la place du temps libre et selon B. Russell lâhomme serait plus enclin Ă la bienveillance quâĂ la persĂ©cution et Ă la suspicion, il apprendrait le partage, le vivre ensemble et non lâaccumulation et la ne peut que faire le rapprochement entre les idĂ©es dĂ©veloppĂ©es par B. Russell et les pensĂ©es de Nietzsche, sur le travail. Dans la glorification du â travail â, dans les infatigables discours sur la â bĂ©nĂ©diction du travail â, je vois la mĂȘme arriĂšre pensĂ©e que dans les louanges adressĂ©es aux actes impersonnels et utiles Ă tous Ă savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, ce quâon sent aujourdâhui, Ă la vue du travail â on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir -, quâun tel travail constitue la meilleure des polices, quâil tient chacun en bride et sâentend Ă entraver puissamment le dĂ©veloppement de la raison, des dĂ©sirs, du goĂ»t de lâindĂ©pendance. Car il consume une extraordinaire quantitĂ© de force nerveuse et la soustrait Ă la rĂ©flexion, Ă la mĂ©ditation, Ă la rĂȘverie, aux soucis, Ă lâamour et Ă la haine, il prĂ©sente constamment Ă la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et rĂ©guliĂšres. Ainsi une sociĂ©tĂ© oĂč lâon travaille dur en permanence aura davantage de sĂ©curitĂ© et lâon adore aujourdâhui la sĂ©curitĂ© comme la divinitĂ© suprĂȘme. â Et puis ! Ă©pouvante ! Le â travailleur â, justement, est devenu dangereux ! Le monde fourmille dâ â individus dangereux â ! Et derriĂšre eux, le danger des dangers â lâindividuum ! [âŠ] Etes-vous complices de la folie actuelle des nations qui ne pensent quâĂ produire le plus possible et Ă sâenrichir le plus possible ? Votre tĂąche serait de leur prĂ©senter lâaddition nĂ©gative quelles Ă©normes sommes de valeur intĂ©rieure sont gaspillĂ©es pour une fin aussi extĂ©rieure ! Mais quâest devenue votre valeur intĂ©rieure si vous ne savez plus ce que câest que respirer librement ? Si vous nâavez mĂȘme pas un minimum de maĂźtrise de vous-mĂȘme ? Nietzsche. Aurores 1881, Livre III, § 173 et § 206, trad. J. Hervier, Gallimard, 1970 Nietzsche ne critique pas le travail en lui-mĂȘme mais la valeur travail, la glorification du travail ». Il condamne cette idĂ©ologie qui tend Ă en faire une valeur supĂ©rieure et qui pousse Ă lâapologie de la croissance Ă©conomique. Pour Nietzsche cette survalorisation du travail conditionne lâindividu et serait une volontĂ© politique de canalisation de rĂ©volte et dâĂ©panouissement. Elle lâaliĂ©nerait et le dĂ©tournerait de sa propre humanitĂ©. LâĂ©nergie individuelle ne serait plus utilisĂ©e au service de lâindividu mais au service de la productivitĂ©. Il nâaura plus la force de penser par lui-mĂȘme ni de se dresser contre lâĂtat. Car le travail possĂšde une fonction policiĂšre qui occupe, soumet, Ă©puise et dĂ©tourne dans la poursuite dâautres buts que ceux que la sociĂ©tĂ© impose. On pourrait mĂȘme parler de valeur SĂ©curitĂ© autant valorisĂ©e aujourdâhui et Ă©rigĂ©e en fin en soi au dĂ©triment de la libertĂ© individuelle. Est-ce que trop de valeur sĂ©curitĂ© nâest pas Ă©gale Ă un dĂ©sir de contrĂŽle des individus ? Troublant et troublĂ©e de retrouver les 2 thĂšmes phares de notre prĂ©sident Travail et sĂ©curitĂ©. Il faut laisser les gens travailler plus, pour gagner plus, câest mon programme ⊠Moi je veux ĂȘtre le candidat du travail. Nicolas Sarkozy â Extrait du journal Le Monde â FĂ©vrier 2007 On ne dira jamais assez le mal que les 35 heures ont fait Ă notre pays. Comment peut-on avoir cette idĂ©e folle de croire que câest en travaillant moins que lâon va produire plus de richesses et crĂ©er des emplois. Nicolas Sarkozy â TĂ©moignage Rembrandt â philosophe en mĂ©ditation 1632 A tort ou Ă raison ? Est ce quâil ne dĂ©pend pas de notre survie dâinventer une nouvelle forme de croissance ? On mâaurait menti, les ressources naturelles ne sont elles pas infinies ? Il est difficile dâaller vers un changement, vers une baisse de la consommation au sein de notre sociĂ©tĂ© quand le bonheur de la consommation, de la possession matĂ©rielle est indice de rĂ©ussite, dâĂ©panouissement. La mesure du bonheur sur terre ne devrait pas seulement prendre en compte la croissance Ă©conomique. Je ne dis pas quâil faudrait travailler quatre heures par jour ou encore ne pas travailler, je dis juste quâil faudrait peut ĂȘtre revoir nos prioritĂ©s et rĂ©-injecter dâautres valeurs dans la sociĂ©tĂ©. Ne dit-on pas quâil faut prendre le temps de se poser pour pouvoir rĂ©flĂ©chir. Prendre le temps, sortir du tumulte de nos activitĂ©s pour lĂ©zarder un peu, Ă profit de soi et forcement des autres. Un temps mis Ă profit de soi pourrait peut ĂȘtre nous rappeler que nous ne sommes pas tout seul. Toutes les pistes ne sont pas Ă exclurent⊠On peut se laisser rĂȘver Ă un autre monde. Je vous laisse Ă la rĂ©flexion et Ă la paresse⊠et la prochaine fois quâon vous traitera de paresseux soyez en plus fier car lâargent ne mesure pas toutes les richesses. Bandeau de lâarticle © MusĂ©e dâOrsay, dist. RMN â Vincent van Gogh â La mĂ©ridienne dit aussi La sieste dâaprĂšs Millet â 1890
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Accueil Catalogue L'art de philosopher Parution 09 fĂ©vrier 2005 Traduit par Collection Nb. de pages 104 Description Bertrand Russell rĂ©digea les trois essais qui composent cet ouvrage au cours dâun sĂ©jour quâil effectua aux Ătats-Unis durant la Seconde Guerre mondiale. Sâadressant Ă un public dâĂ©tudiants, il y dessine le parcours intellectuel que devra suivre lâapprenti philosophe. Il lui propose de se consacrer dâabord Ă lâĂ©tude de la logique, des mathĂ©matiques et de lâhistoire des sciences afin dâacquĂ©rir le mode de pensĂ©e le plus favorable Ă la philosophie, dĂ©finie comme lâart de la conjecture rationnelle ». Les exposĂ©s quâil consacre avec sa clartĂ© coutumiĂšre Ă la logique, art de lâinfĂ©rence », et aux mathĂ©matiques, art du calcul », sont un Ă©loge Ă des disciplines dâesprit toujours plus nĂ©cessaires pour faire face aux forces la mesure oĂč cet ouvrage propose une discipline de pensĂ©e rigoureuse et prudente, il conserve toute son actualitĂ© face aux forces ambiantes de lâirrationalisme et aux dogmatismes de toutes sortes. Autres publications Philosophie $30,00 Papier et PDF Philosophie $20,00 Papier et PDF Philosophie $25,00 Papier et PDF De la mĂȘme collection Biographies $14,95 Papier et PDF Philosophie $35,00 Papier et PDF Philosophie $35,00 Papier et PDF Philosophie $35,00 Papier et PDF Philosophie $20,00 Papier et PDF Philosophie $30,00 Papier et PDF Voir tous les livres Suggestions de lecture Philosophie $48,00 - $58,00 Papier et PDF Philosophie $39,00 - $45,00 Papier et PDF Philosophie $35,00 Papier et PDF Philosophie $27,00 Papier et PDF Philosophie $20,00 Papier et PDF Philosophie $20,00 Papier et PDF
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bertrand russell eloge de l oisiveté pdf